Bob Dylan : il est vieux et il vous emmerde
Cet été, Laure Adler titrait une chronique au vitriol dans les colonnes de Libération : « Je suis vieille et je vous emmerde ». Présent pendant 3 jours à Paris du 11 au 13 octobre pour une série de concerts événement au Grand Rex, Bob Dylan pourrait très bien reprendre à son actif cette saillie bienvenue. C’est aussi une occasion toute trouvée pour ce billet d’humeur.
Les mentalités hexagonales semblent avoir du mal avec la vieillesse. Quand nous parlons du concert de Bob Dylan à des proches, on nous sert pêle-mêle : « mais il n’est pas mort lui ? », « il arrive encore à monter sur scène ? ». Si le gouvernement mène jusqu’au bout son programme et allonge l’âge légal de départ à la retraite, il faudra pourtant une évolution des mentalités sur la vieillesse si on ne veut pas qu’une nouvelle crise sociale vienne s’ajouter à toutes celles existantes. Cette évolution est de toute façon nécessaire sans cette réforme.
En France, les seniors en manque de reconnaissance
La France figure dans la liste des mauvais élèves de l’Union Européenne pour l’emploi des 55 – 64 ans : seulement 55,9% sont en poste, alors qu’ils sont 76,9% en Suède et 71,8% en Allemagne. Un rocker de 81 ans continuant d’assurer le show à travers le monde et de remplir les salles nous apparaît alors tout un symbole. Le talent ne se tarit pas forcément avec l’âge ; vous pouvez aussi aller toquer à la porte du centenaire Edgar Morin.
Comment ne pas analyser ces chiffres comme un manque de reconnaissance des seniors de la part de notre société ? Une société notamment tournée – à raison – vers les nouvelles technologies et la transition énergétique, persuadée que les jeunes sont plus à même de mener à bien ces transformations. Leur expérience nous servirait pourtant à éviter quelques écueils.
Et Bob Dylan dans tout ça ?
Le Prix Nobel n’a pas démérité durant ce concert d’un peu plus d’une heure trente, accompagné par 4 musiciens de haut-vol. Les fans de la première heure seront certainement déçus d’entendre d’intégralité des musiques de son dernier album, mais se consoleront en profitant de la voix intacte du maître et de quelques classiques de son répertoire.
Au sommet du nouvel album et du concert, on retrouvera l’intriguant morceau « Key West » invitant au voyage méditatif. Dans les classiques, on notera la présence de « I’ll Be Your Baby Tonight », «To Be Alone with You», et de deux gospels de l’aube 80’s : « Gotta Serve Somebody » ainsi que « Every Grain of Sand»
Présent derrière son piano sur chaque morceau, Dylan ne manquera pas de se lever pour saluer le public, l’accompagnant avec lui, dans des relents old school particulièrement bienvenus. A quand la prochaine ?