F(r)iction, spectacle d’une jeunesse entrant dans l’âge adulte
Pour sa 30ème année, le CNAC s’offre les services d’Antoine Rigot et Alice Ronfart de la compagnie des Colporteurs. Un spectacle sur le fil, où l’onirisme se mêle à la réalité de notre époque en lutte.
C’est un peu un spectacle de fin d’année à la manière de celui d’un conservatoire ou d’une école de danse. Chacun avec ses talents va montrer ce qu’il a appris, ce dans quoi il excelle. L’émotion et la tension juvénile sont palpables. La fin d’une époque marque le moment des bilans tout comme l’avènement d’un futur demeurant incertain. La troupe de la 30e promotion du CNAC présente un peu tous ces éléments, doublés bien sûr d’un grand professionnalisme.
Fraternité et lutte
Les 17 étudiants dansent sous une toile. Madame Loyale en sort et retire la bâche. Elle accompagnera tout le spectacle où pas moins de 13 disciplines s’enchaîneront. Une fraternité évidente se dégage de la troupe avec ses violences, sa bienveillance, ses débats aussi; mais de l’humour toujours. Par son corps, chacun existe. Par sa personnalité, chacun s’impose comme unique. Du groupe, l’individu s’extrait pour s’affirmer sur un agrès ou à travers une danse. Il y a également des passages chantés et parlés qui s’éloignent certes du cirque, mais qui nourrissent une réflexion sur l’époque actuelle où la colère d’une jeunesse et ses errances s’expriment de manière plus directe.
On devine que le funambule bénéfice d’une attention toute particulière de la part de la compagnie d’Antoine Rigot et Alice Ronfart. Un mélange de poésie et de légèreté se dégage de ces numéros aux multiples possibilités narratives. Celui où deux jeunes hommes s’entraident pour monter le mât à côté du fil où une jeune femme se tient, est à la fois humoristique et très touchant. Une fable sur l’amitié qui résume le spectacle et très certainement cette promotion ! L’ensemble de la troupe ne devrait pas avoir de mal à évoluer vers ce qu’il souhaite le plus : explorer le monde à travers le cirque contemporain.