Grave : cannibalisme et renouveau du cinéma français !
Ah, que ça fait du bien de voir un film français qui ose tout ! Le pitch est assez classique du cinéma d’auteur à la française : la rentrée d’une ado dans une école de vétérinaire qui va découvrir ses désirs…les plus inavouables !
Ce n’est plus un scoop, le film traite du cannibalisme. A Cannes, où le film a fait sensation à la Semaine de la Critique, à Toronto ou à Gérardmer, sa réputation n’a fait que grandir ! Mais, bien au-delà d’un film d’horreur classique, le premier film de la réalisatrice Julia Ducournau est une révélation. On pense à Suspiria de Dario Argento, à Cronenberg et à tous les films qui ont traité cette thématique particulièrement trash.
Justine – Garance Marillier, une révélation aux faux airs de Dominique Blanc – intègre donc la nouvelle promotion de l’école vétérinaire dans laquelle sa sœur aînée est déjà depuis 1 an. C’est en son sein qu’elle va découvrir sa terrible passion pour la chair humaine. Le film débute avec une longue scène de bizutage réalisée à la manière d’un film d’horreur : les deuxièmes années sont masqués et forcent les premières années à ramper dans un sous-sol lugubre… La séquence se termine en fête étudiante où la débauche est reine. Cette seule scène résume le film : on passe de l’horreur à l’excès, de la peur au grotesque, du rire au drame.
Imprégné d’un sens métaphorique sur le désir, le cannibalisme est montré sans détour, quasi frontalement. Justine est au départ végétarienne, mais on la force à manger un rein de lapin cru. C’est le début de sa transformation physique – elle s’arrache la peau, faisant « peau neuve » – et mentale. Entre la rencontre d’un camionneur transporteur de cochon, du sang jeté sur les élèves de première année, l’engloutissement de poulets crus, la dissection de vaches…, Justine va graduellement sombrer dans la démence. Le rapport à la chair est toujours présent… jusqu’au dernier plan où une révélation ouvre de nouvelles pistes de réflexion pour le spectateur.
« Grave » est essentiellement un film de mise en scène. Certaines scènes sont déjà cultes : la scène où Justine est prisonnière de son drap, la scène du « doigt »… Nous avons simplement hâte de découvrir les prochains films de cette talentueuse réalisatrice !
Bref, vous n’aurez pas envie de vous faire une viande en sortant de Grave et on vous comprendra !