I am Europe

I am Europe : comment l’Europe se reflète dans nos vies ?

Après s’être attaqué aux Etats-Unis et à Donald Trump, Falk Richter continue de réfléchir sur notre époque, s’interroge sur le présent et le devenir de l’Europe. Dans I am Europe, Falk Richter réunit au plateau 8 jeunes comédiens issus de pays ou contextes européens différents. En partant de leur biographie, Falk Richter questionne leur et notre rapport à la famille, aux croyances, à l’amour.

Falk Richter toujours au plus près de l’actualité

La moquette blanche et les canapés de Je Suis Fassbinder ont été remplacés ici par un simili de gazon vert et des praticables en mousse. De nombreux écrans parsèment le plateau et diffusent des images en flux continu : sites internet d’actualité, images d’archives, journaux télévisés. C’est dans ce décor que les tableaux vont se succéder, parfois même se superposer.

Les scènes s’enchaînent mais ne se répètent pas. Ou plutôt, elles se succèdent par un habile jeu de confrontation, d’alternance ; comme un écho. L’un hésite à se marier avec son nouveau compagnon depuis 4 mois pour l’aider à obtenir des papiers, quand l’autre écrit une lettre ouverte au roi Belge pour autoriser le mariage à 3.

Une réponse ouverte et complexe

Le projet est de confronter les opinions, faire naître un dialogue entre les comédiens. Le ton ne prend pas non plus le sérieux d’un manifeste ; passer d’un monologue sur les Guerres de Yougoslavie à une chanson de l’eurovision. Avec ces contrepoints, l’idée n’est pas d’imposer une réponse, encore moins un point de vue monolithique, mais bien de faire naître en chaque spectateur sa propre interprétation, créer son propre cheminement.

On pourrait craindre une certaine forme d’entre-soi dans le discours, mais I am Europe cherche à s’en éloigner, à détourner les préjugés, notamment avec une scène de rap participative et par l’histoire d’un musulman converti au christianisme. Jamais de cynisme, mais du second degré et une foi en l’utopie.

Enfin, il faut évoquer la richesse formelle du spectacle : moments chantés, chorégraphies signées Nir De Volff, mélange des langues (français, arabe, anglais, allemand…). Jusque dans l’utilisation des praticables, la mise en scène se montre inventive. Cette diversité est à l’image du spectacle et peut-être, même, in fine, de l’Europe.

I am Europe mise en scène et écrit par Falk Richter avec Lana Baric, Charline Ben Larbi, Gabriel Da Costa, Medhi Djaadi, Khadija El Kharraz Alami, Douglas Grauwels, Piersten Leirom, Tatjana Pessoa, production Théâtre National de Strasbourg. Jusqu’au 9 Octobre 2019 au Théâtre de l’Odéon (Berthier 17ème).