Keith Haring, du graff au pop art – From The Street #04
Mais que fait Keith Haring dans une rubrique sur le street art ? Comme Jean Michel Basquiat et beaucoup d’autres, il s’initie au graffiti dans le métro de New York. Une pratique qui influencera l’oeuvre entière de l’artiste. Décédé à seulement 31 ans, il a profondément marqué son époque par son style avant-gardiste et son trait énergique.
Subway Drawings
Originaire de Pennsylvanie, il débarque à 18 ans à Manhattan, pour rejoindre la prestigieuse School of Visual Arts (SVA). Inspiré par la culture underground des années 80, il veut faire de son art un objet accessible et commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro. Haring a toujours admiré le caractère subversif et la force communicative du graffiti. Il côtoie entre autres des graffeurs comme Lee Quinones, Fab five freddy et Futura 2000. Artiste prolifique, il travaille vite, jusqu’à quarante dessins par jour et sur tous les supports (murs, bennes à ordures, voitures). Il s’entoure des artistes influents de la vie underground new-yorkaise comme Kenny Scharf et Jean-Michel Basquiat, avec qui il organise des expositions et des performances au Club 57, l’avant-poste de la culture alternative de l’époque.
La ligne Keith Haring
Son style inimitable s’inspire directement de son expérience du graffiti : un dessin rapide et spontané qu’il conservera tout au long de son oeuvre. La répétition de formes synthétiques, sortes de pictogrammes, souvent appuyés par des couleurs vives vont marquer à tout jamais l’art contemporain. Derrière la sobriété apparente de ses dessins, Keith Haring véhicule pourtant un message profondément contestataire. Le chien fait tour à tour référence à l’autorité ou la rébellion, les écrans de télévision dénoncent la culture de masse et le Radiant Baby symbolise l’innocence et l’énergie.
Keith Haring est probablement l’un des artistes les plus engagé du 20ème siècle. Il évoque le racisme, l’intolérance ou l’amour et s’engage autour de sujets brûlants comme l’apartheid, la menace de guerre atomique, la destruction de l’environnement ou encore l’homophobie.
Le Pop Shop
En 1986, toujours dans une volonté de mettre l’art à la portée de tous, il ouvre un Pop Shop dans le quartier de Soho pour y vendre ses créations (vêtements, posters, badges) mises en vente à des prix volontairement modestes.
« J’ai essayé d’adopter un nouveau point de vue, une nouvelle attitude envers le fait de vendre, en peignant en public et en faisant des choses commerciales qui vont à l’encontre des idées d’un marché de l’art ».
Une démarche très controversée dans les milieux artistiques de l’époque mais saluée par une notoriété internationale qui ne cesse de croître. Il expose alors partout dans le monde et exécute des commandes prestigieuses, comme la fresque de l’hôpital Necker de Paris. C’est aussi à cette époque qu’il apprend qu’il est infecté par le sida. Une vérité qui pousse l’artiste à s’engager dans la lutte contre la maladie et à fonder en 1989 la Keith Haring Foundation.
Il disparait le 16 février 1990 en laissant une marque indélébile sur l’art contemporain.