KIDULT : anticapitalisme et lutte contre la mode – From the street #01

Tous les lundis sur Art Juice on vous propose désormais « From the street », la série culturelle qui met le street art à l’honneur.  Qui d’autre que KIDULT pour ouvrir le bal suite à l’investiture de Donald Trump. Pour planter le décor, on vous propose de mieux le découvrir dans un documentaire sorti en 2012 : « Visual Dictatorship ».

Rendre à la rue ce qui appartient à la rue

KIDULT dénonce par sa démarche ultra radicale l’appropriation de la street culture et notamment du graffiti par les marques de luxe. Le monde de la mode s’est en effet rapidement inspiré de la street culture. En 2011, le français Kongo, en collaboration avec Hermès, réinterprète le fameux carré de soie dans une ligne baptisée Graff. Pour ses 20 ans, Louboutin met le Graffiti au cœur d’une campagne et de ses produits en partenariat avec l’artiste Make. La liste est longue: Chanel, APC, Agnès B, Maison Margiala etc. Toutes se sont inspirées du graffiti pour s’enrichir. Une utilisation en totale opposition avec la vision de KIDULT pour qui le graffiti s’inscrit dans une démarche de liberté d’expression et de gratuité. Des premiers graffeurs de Brooklyn à Banksy, le graffiti se définit comme un art illégal et contestataire. Alors si les marques aiment tant le graffiti, pourquoi ne pas accepter ses codes ? Avec ses fresques violentes et surdimensionnées réalisées à l’extincteur, KIDULT souhaite leur donner une petite leçon d’histoire.

KIDULT X Louboutin

KIDULT x Agnès b

KIDULT x Céline

KIDULT x Maison Magiela

KIDULT x Kanye West

KIDULT vs Marc Jacobs : la guerre est déclarée avec les créateurs

En 2012, Kidult vandalise une vitrine Marc Jacobs à Soho en taguant « ART ».  Marc Jacobs, directeur artistique de Louis Vuitton, avait entre autres revisité le logo de la marque façon street art. Une initiative que le street activiste n’a pas vraiment apprécié.

KIDULT x Marc Jacobs

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais certains créateurs semblent ironiser sur la situation. Après avoir tagué la vitrine d’Agnès B, celle-ci lui avait répondu: »Hey ! Kid J’adorais votre graff ! Désolée. Agnès ».  Quant à Marc Jacobs, il réplique et édite un tee-shirt reprenant la photo de la boutique vendu… 689$. Intitulé « ART BY ART JACOB$ », une réponse plutôt intelligente du créateur qui vient piquer le graffeur sur ses convictions.

ART BY MARC JACOB

Réponse de l’artiste : il commercialise sur son site internet un tee-shirt où il apparait taguant la boutique de Soho. Le tee-shirt « NOT ART BY KIDULT » est vendu 6,89€. Et l’artiste s’en reprend au créateur en 2013 en taguant en vert sur la boutique parisienne du 19 place du marché Saint Honoré. L’artiste appose alors l’inscription 686. Une référence au prix du tee-shirt de Marc accompagnée d’un tweet : « 680? 689?…686?! How much are you going to sell this for? ».

KIDULT x Marc Jacobs

NOT ART BY KIDULT

L’anti-capitalisme comme ligne de conduite

Le travail de l’artiste ne se limite cependant pas à sa haine du luxe. Il installe une réflexion sur les valeurs matérialistes des sociétés occidentales. L’individualisme, la quête permanente du profit peu importe le coût ou l’hyper-consommation sont autant de sujets qu’il aborde dans son travail. En 2016, il s’attaque directement à Donald Trump en détournant une publicité de la marque Supreme. En plus des affiches placardées un peu partout à New-York, Los Angeles et Tokyo, l’artiste a commercialisé sur son site un tee-shirt reprenant son montage au prix de 1 centime ! Qu’on l’admire ou qu’on le désapprouve, KIDULT ne laisse certainement pas indifférent.