La Conquête : la campagne du rouleau-compresseur Nicolas Sarkozy – Cinéma et Politique #5
Au cas où vous ne seriez pas encore lassés par la vie politique française, qui ne cesse de défrayer la chronique ces derniers jours, opérons aujourd’hui un petit retour en arrière avec le film « La Conquête ».
Nous sommes en 2007, le matin du 6 mai. Nicolas Sarkozy, en peignoir face à son téléviseur, est en passe de devenir le sixième président de la Ve république. Pourtant donné largement favori par les sondages, il semble préoccupé. Cecilia ne donne pas de signe de vie malgré ses appels répétés. C’est peine perdue, elle ne viendra pas voter. Elle n’assistera pas non plus à son dîner de célébration.
La Conquête, réalisé par Xavier Durringer revient sur l’irrésistible ascension de notre ancien président, tout en montrant son habilité certaine à surmonter tous les écueils sur sa route.
On assiste par exemple aux clashs en face à face avec les cadors de son propre parti comme Dominique de Villepin ou le président de l’époque, Jacques Chirac. D’ailleurs, les rapports au sein de sa famille politique semblent quasi plus conflictuels qu’avec les opposants. « Je décide, il exécute » croit bon de rappeler Chirac devant le zèle de son incontrôlable ministre.
D’autre part, les repas entre le ministre de l’intérieur et le ministre des affaires étrangères sont tendus voire haineux. Mais, le brutal Sarkozy prend progressivement le dessus sur l’aristocrate De Villepin et le vieux renard Chirac. Pourtant, outre ses rivaux, Sarkozy n’en finit plus de se dépatouiller avec ses soucis personnels. Constamment gêné par Cecilia qui le trompe avec un autre, il n’a pas toujours la tête à sa campagne.
Avec notre regard actuel, on est frappé par plusieurs points : d’une part, on assiste en 2007 aux prémices de l’usage des données à des fins électorales. Guéant, données chiffrées aidant, explique ainsi pourquoi Sarkozy doit se rendre dans les zones ouvrières pour glaner les voix du FN en 2002 (NB : Le Pen obtient en 2007 moins de 11% des voix). D’autre part, à travers cette succession d’apparitions brèves dans les différents endroits où il se rend et où il travaille, avec la volonté de faire forte impression à défaut de laisser une empreinte profonde, on ne peut pas s’empêcher de noter les similitudes de tactique entre le Nicolas Sarkozy d’hier et l’Emmanuel Macron d’aujourd’hui.
La Conquête n’en reste pas moins un film léger, comme le suggère sa bande originale, qui fait parfois rire tant Podalydès joue remarquablement bien Sarkozy, reproduisant sans exagérer ses mimiques du visage et sa démarche si particulières. Idéal pour prendre un peu de recul sur la période actuelle … mais pas trop non plus !