Les Hommes du Président la référence du journalisme d’investigation
Les Hommes du Président est le film de référence pour tous les journalistes d’investigation en herbe. Il fait même l’unanimité dans les écoles de journalisme, où il est diffusé dans les salles de cours. Le réalisateur Alan J. Pakula n’a pas choisi n’importe quel sujet : celui du Watergate, scandale parmi les scandales qui conduira à la démission du Président Richard Nixon et nombre de ses proches collaborateurs. C’est aussi un symbole pour la liberté de la presse aux Etats-Unis et de l’indépendance du Washington Post.
Le duo Redford-Hoffman
Les Hommes du Président est littéralement porté à bout de bras par les acteurs Dustin Hoffman et Robert Redford, qui signent une de leurs meilleures prestations au cinéma. Pakula a voulu retranscrire à l’identique la mentalité des deux journalistes historiques Bob Woodward et Carl Bernstein, le penchant cynique de l’unique et l’idéalisme de l’autre, que notre duo exécute à la perfection. Ce soucis de fidélité à la précision chirurgicale irrigue tout le film, en passant par une reproduction méticuleuse des locaux du Washington Post.
Redford et Hoffman ont la mission d’incarner ces défenseurs de la liberté, tenaces remparts de l’ordre démocratique, qui ne reculent devant rien pour assembler le puzzle final. C’est aussi l’occasion de se faire dicter un cours magistral des méthodes d’investigation, du recoupement de sources ou des prises de bec au sein des rédactions. Cette glorification de l’indépendance journalistique emporte tout sur son passage et, surtout, la sphère politique. L’utilisation des allocutions originales de Nixon est ainsi particulièrement révélatrice. Alors qu’il fait le serment hypocrite de défendre la constitution des Etats-Unis, les journalistes en sont les véritables défenseurs, conformément au premier amendement, juchés sur leurs machines à écrire.
Le désenchantement politique
Alan J. Pakula fait partie de cette génération des années 70 qui devient absolument désabusé par la monde politique. Guerre du Vietnam, assassinat de Kennedy, politique étrangère américaine en Amérique du Sud et bien entendu scandale du Watergate. Les raisons de ce changement des mentalités sont nombreuses. Cette défiance vis à vis des puissants se ressent très fortement dans les Hommes du Président, comme en témoigne les dialogues avec « Gorge Profonde » et toute la mise en scène qui accompagne ces rendez-vous. Les politiques et les services secrets passant dans le camp des pourris.
Un point de vue qui s’est encore dégradé de nos jours, puisque les journalistes font également partie de ce panier de crabes pour de nombreuses personnes. Personnellement, je préfère penser que les Bob Woodward et Carl Bernstein représentent une majorité de la presse, même si c’est certainement très naïf de ma part. Quoi qu’il en soit, si vous voulez voir un film solide sur le journalisme d’enquête, les Hommes du Président remplit plus que correctement que son office, même s’il comporte parfois quelques longueurs. Il faut bien comprendre que Pakula a voulu se concentrer sur la tension et les aléas de l’enquête, plutôt que sur les conséquences politiques du Watergate et le procès. On est donc bien en face d’un film centré sur la presse, pas d’un documentaire à proprement parlé sur l’affaire du Watergate.