L’île aux chiens : Wes Anderson revient avec brio dans l’animation

Après Fantastic Mr. Fox, Wes Anderson renoue avec le cinéma d’animation. En s’appuyant sur un style unique qui a façonné ses précédents succès et un ton plus sombre, il nous livre une fresque politique mordante. 

★★ : Excellent


Film intimiste, l’île aux chiens met en scène une société d’inspiration japonaise quasi-despotique où les chiens sont mis au ban de la société, car porteurs d’une maladie soi-disant incurable. Les meilleurs amis de l’homme sont ainsi envoyés sur une île poubelle remplie de déchets où ils sont livrés à eux-mêmes. Bataillant pour leur survie, aucun humain ne leur vient en aide jusqu’à qu’un jeune garçon de 12 ans débarque en avion pour retrouver son fidèle compagnon.

Restituer un style en animation

Quand on parle d’animation, il est difficile de ne pas évoquer le maître japonais en la matière : Hayao Miyazaki. Ici, son influence ne se ressent pas sur le style graphique, diamétralement différent avec l’utilisation de marionnettes et du stop motion – expliquant d’ailleurs le choix de l’Angleterre pour le tournage, car le pays est spécialisé dans ce domaine contrairement au Japon -, mais davantage sur les thématiques abordées et le comportement des personnages. Le respect de l’environnement, la défense des animaux ou encore la valorisation toute spéciale de l’amitié et de la fidélité.

Les éléments de style qui ont fait la renommée d’Anderson sur un film comme The Grand Budapest Hotel sont bien entendu conservés : symétrie, travail colorimétrique, profondeurs de champs, abondance de détails, inversion des valeurs, dialogues décalés, etc. La prouesse réside dans la restitution de cette patte cinématographique sur un nouveau médium qu’est le cinéma d’animation. On pourra cependant regretter l’absence de scène marquante/culte comme sur ses précédents longs métrages.

Un casting et une bande originale de grande classe

L’île aux chiens se démarque également par la qualité de sa bande originale où on retrouve un français habitué des films de Wes Anderson : Alexandre Desplat. Ses créations font instantanément voyager le spectateur et parviennent à développer leur identité propre, au-delà du film, à la manière de ce que réussit à faire un Hans Zimmer. Et comment ne pas parler des voix avec un casting 5 étoiles : Frances McDormand, Bryan Cranston, Bill Murray, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Harvey Keitel ou encore Greta Gerwig. Quant aux voix françaises, elles ne sont pas en reste avec Vincent Lindon, Romain Duris, Isabelle Huppert, Léa Seydoux, Mathieu Amalric, Louis Garrel, Hippolyte Girardot, Yvan Attal ou encore Nicolas Saada. Bref, que du beau monde, signe que Wes Anderson attire toujours autant les acteurs du monde entier.

Fondateur du site artjuice.net, passionné par les nouveaux médias et la culture contemporaine.