Maison Mère – Première partie des Contes Immoraux : Bâtir un village “Marshall”
C’est suite à une commande pour la quinquennale d’art contemporain de Kassel, en 2017, que Phia Ménard débute un chantier autour de la thématique “Apprendre d’Athènes, pour un Parlement des corps”.
Maison mère annonce le début d’un triptyque intitulé “Les Contes Immoraux”. Il s’agit d’un combat à mains nues avec la matière -cette fois-ci du carton- avec lequel elle construit un habitat, qui se révélera être un temple. Seule en scène, cette bâtisseuse aux allures de guerrière jauge son adversaire. Elle tourne autour de son objet d’étude et anticipe les coups. Le public est tenu en haleine jusqu’au corps à corps qui fait naître une tension palpable et charnelle. La guerrière y va de tout son poids et déploie toute son énergie à assembler les pièces et à les mettre sur pieds. Mais désormais la pluie guette… est-ce que son habitat est à l’abris des intempéries?
Cette performance interprétée par la Cie Non Nova met sous tension l’endroit de l’intime et du politique, questionnant la manière dont les deux s’articulent dans le corps physique et dans le corps social. Les réflexions de Phia Ménard sur l’identité, le corps et la matière se traduisent au plateau dans ce geste performatif qui laisse entrevoir le chaos d’une Europe du conflit. On ne sait pas si la tempête menace ou si elle refait surface après l’avoir balayée de la main…
Comment habiter son corps ? Comment habiter la cité ?
L’artiste se saisit de la réalité de l’exil et engage une réflexion sur la nécessité des villages provisoires. Ce chantier d’art contemporain soulève la question de l’aménagement urbain à reconsidérer en permanence.
Une performance à voir jusqu’au 1er Mars 2020 aux Bouffes du Nord à Paris.