Quel marché de l’art dans 10 ans ?
Nous le savons depuis un moment déjà, le marché de l’art ne passera pas outre le numérique. Quand Amazon annonce le lancement de sa plateforme d’achat d’art en ligne, quel est l’état du marché. L’art est toujours apparu, au même titre que l’or, comme une valeur refuge en temps de crise. Si certains justement cherchent ce refuge, d’autres spéculent, où cherchent à se l’approprier quel qu’en soit le prix. Tiens tiens… Ça ne vous rappelle rien ? Mais si, une affaire de placements immobiliers outre atlantique, en 2008…
Vers un marché online ?
Le 6 aout, le géant Amazon a lancé sa plateforme d’achat d’art. C’est au total plus de 150 marchands qui proposent à la vente environs 40000 pièces. Cette nouvelle activité n’est pas lancée au hasard. Elle répond à un changement des du comportement des acheteurs. S’ils ont longtemps poussé les portes des galeries, ils semblent aujourd’hui non pas les bouder, mais les visiter autant que les sites webs dédiés à ces achats.
Les vendeurs d’art traditionnels (Christie’s, pour n’en citer qu’un) ont eu tôt fait de prendre le train en marche. Sur le net, la clientèle est aussi plus large. On retrouvera des simples amateurs, qui dans une galerie auraient peur d’être jugés comme novices par un milieu réputé comme excessivement snob et fermé, comme des nouveaux riches, peu habitués aux pratiques des salles de vente. Ainsi, l’explosion de cette forme d’achat est peut être le résultat d’un renouvellement de l’intérêt pour l’art venu de nouvelles personnes. La dualité « salle des ventes » VS « enchères en ligne » est peut-être la résultante de deux communautés d’amateurs bien distinctes.
On peut également parler de la plateforme Artsy qui veut faire passer le marché de l’art au numérique. Elle a noué des partenariats avec de nombreuses galeries, institutions et foires internationales d’art afin de proposer un catalogue le plus large possible.
Les qataris à l’assaut du marché de l’art
En 2012, le Qatar faisait grand bruit en achetant les « Joueurs de cartes » de Paul Cézanne, pour un prix environnant les 250 millions. Depuis, nous ne pouvons que constater l’intérêt certain des qataris pour l’art. Cet intérêt, il est tout à fait normal et stratégique. L’art, en ces temps de crise économique, est une valeur refuge. En hausse constante, la valeur de l’art permet d’étoffer un portefeuille comme de le diversifier.
Dans son approvisionnement, le Qatar s’est entouré d’experts du milieu, le conseillant sur les achats qui méritent d’imposer des sommes impossibles à refuser comme à contrer au gré des enchères. Des experts de haut rang, qui font tant office de consultants en achat d’art, que d’analystes financiers. Ainsi, le Qatar spécule sur ces pièces. Mais le plan ne s’arrête pas à ici. Entre autres pièces contemporaines de peintres des quatre coins du globe, le Qatar met un point d’honneur à faire connaître de jeunes artistes arabes dans le milieu artistique mondial. Ainsi, en dominant la cote du marché artistique, ils peuvent gonfler artificiellement la cotation desdits artistes.
Une crise envisagée
Le marché de l’art ne s’est jamais aussi bien porté. Les tableaux d’art contemporains sont vendus à la pelle, pour des adjudications de plusieurs dizaines de millions (comme « les femmes d’Alger » de Picasso pour 179,3 millions de dollars). Le premier semestre de Christie’s France a affiché une hausse des ventes, en valeur, de 33%. Les milliardaires trouvent en l’art cette valeur refuge dont nous parlions précédemment et y mettent le prix.
Forbes estime que deux menaces pèsent sur le marché de l’art. Si la menace la plus forte est aussi celle que l’on peut aisément prévenir (incendie des ports francs de Genève, contenant 100 millions de dollars en pièces de maîtres), la seconde est beaucoup plus spectrale, et difficile à prévenir. Cette menace, c’est celle d’une explosion de la bulle artistique. Une décote des prix du marché en 2014 mettrait à mal un business estimé plusieurs centaines de milliards d’euros.
Ainsi le marché de l’art n’est pas différent des autres, et serait même plus instable. Ainsi en 1990, Sotheby’s a réalisé une vente d’une absolue médiocrité, durant laquelle plus d’une pièce sur deux n’avait pas été vendue. Il n’en aurait pas fallu plus pour effrayer les conseillers financiers et que les cours s’effondrent instantanément.
Si on peut craindre une surévaluation des œuvres, il est important de ne pas céder à l’alarmisme qui serait totalement contre-productif de et regarder un peu qui sont les nouveaux acheteurs. Car des nouveaux acheteurs, il y en a. Les nouvelles fortunes Russes et Chinoises, ou les héritiers des anciennes sont aujourd’hui en train de devenir des acteurs majeurs de ce marché. S’il en est certains qui spéculent et gonflent les prix, il est beaucoup de ventes mirobolantes qui le sont en raison d’une hausse substantielle de la demande. Affaire à suivre…