Petit Paysan – Une chronique de la vie paysanne tragique et authentique
Petit paysan, du réalisateur Hubert Charuel est une chronique tragique de la vie paysanne. Très remarqué à Cannes, il s’agit d’un premier film particulièrement réussi. Authentique, bien scénarisé et particulièrement dans l’ère du temps, voilà qui n’augure que du bon pour la suite.
Pierre, petit éleveur de Champagne-Ardenne, regarde les vidéos amateurs de Jamy, un youtubeur qui explique comment « L’Union Européenne a tué toutes ses vaches ». Cette histoire de virus de la vache folle inquiète Pierre au plus haut point. Faudrait pas que cette saloperie arrive jusqu’à ses vaches. Il en devient parano, trop selon sa sœur vétérinaire, qu’il harcèle de messages et oblige à venir régulièrement ausculter ses vaches.
Il faut dire que sa petite ferme d’une trentaine de vaches, c’est toute sa vie à Pierre. « C’est tout ce que je sais faire, j’ai jamais fait autre chose. » Ses bêtes, il y tient comme à la prunelle de ses yeux, à un tel point qu’il en rêve comme … colocataires ! Dans sa vie calibrée au millimètre pour l’élevage, il a sacrifié toute activité sociale, à ses yeux superflue.
Puis, un jour, alors qu’il câline tranquillement une de ses vaches, il pose une main amicale sur son dos. Il retrouve avec stupeur sa main ensanglantée. Pas de doute, la vache présente les symptômes du mal tant redouté. Il avait donc raison ! Il panique, va chercher son fusil pour abattre l’animal qui souffre le martyr. Puis se ravise, regarde un tuto pour fabriquer un silencieux, pour au bout du compte l’achever à coups de hache. L’engrenage fatal semble lancé. Sa vie est définitivement bouleversée.
Mais Pierre ne peut se résoudre à l’abattage de la totalité de son cheptel. A grands coups de stratagèmes maladroits et comiques, il cherche à donner le change. Alors il dîne avec la boulangère, affirme à la police qu’il a décidé de manger une de ses vaches pour justifier sa disparition, va à la chasse avec des connaissances du village et les emmène même au bowling pour les éloigner de la ferme. Mais ses improvisations sont inutiles devant l’hémorragie. Et le film passe progressivement du comique au tragique.
Dans le rôle de Pierre, Swann Arlaud est fascinant de crédibilité. Des performances d’acteur en rien dues au hasard, quand on apprend avec le magazine Utopia qu’Arlaud « a effectué un stage auprès d’un agriculteur pour préparer son rôle, lequel agriculteur a dit n’avoir jamais eu affaire à un aussi bon apprenti et ne voulait plus le laisser partir ».
On pourrait regretter une fin qui finit un peu en queue de poisson, sans crier gare, mais pour le reste, c’est du très bon. A voir !