PNL, pas de génie, juste un bon délire
Depuis la sortie de leur clip « Le monde ou rien » puis de « J’suis PNL », le groupe PNL a enflammé la toile et sort déjà son deuxième album, « Le Monde Chico », sans l’appui du secteur musical. Car, la communication du duo originaire de la cité des Tarterêts dans le 91 s’est faite uniquement par web : Youtube, les réseaux sociaux, les sites spécialisés, avant de se voir reprendre par les grands noms de l’information (Le Monde, Slate, Noisey, Les Inrocks, etc.).
Jamais on aura vu groupe de rap sortir de l’ombre aussi rapidement sans délivrer aucune interview et sans l’aide d’une maison de disques. Lunatic (Booba et Ali) l’avait également fait en totale indépendance, mais à une époque où les artistes ne pouvaient pas compter sur la puissance de diffusion d’internet. D’autres que nous ont d’ailleurs très bien disserté sur le culte du mystère autour de PNL.
La méthode PNL
Quand on écoute un morceau de PNL, on sent bien qu’on a affaire à quelque chose de différent du reste de la scène rap francophone. Tout d’abord, à un duo formé par Ademo et N.O.S, deux frères, qui mettent autant en avant leurs potes qu’eux dans leurs clips. C’est l’esprit QLF (Que la Famille, calqué sur le OTF de Lil Durk), de l’entraide dans la misère à la place des classiques phases d’égotrip de leurs confrères. Un message bien plus fédérateur qui parvient à brasser des publics très différents , comme en témoigne leur premier concert au Yoyo à Paris, où se mélangeait hipsters et mecs de quartier.
PNL, c’est aussi une forme très travaillée : un rythme lent et répétitif, une attitude de loubard au style vestimentaire étudié, des clips aux ralentis cosmiques tournés dans des endroits originaux (la cité de la Scampia pour le « Le Monde ou Rien », en Islande pour « Oh LaLa », etc.) et une production tout simplement au top. Leurs deux premiers albums « Que la Famille » et « Le Monde Chico » n’ont ainsi rien à envier aux réalisations sorties sur les gros labels de rap que sont Def Jam ou Millenium Barclay. Comme le résume le site la Bergerie :
« Du rap mélancolique, utilisation constante de l’auto-tune, des instrus stratosphériques, un flow reconnaissable et des clips de qualité. »
Faut-il crier au génie ?
La méthode PNL parvient à créer une atmosphère unique, qui a permis au duo d’accéder à la notoriété qu’on lui connaît désormais. Pour juger de la qualité d’un morceau de rap, il paraît logique de se baser avant tout sur les textes. C’est là où le bât blesse pour PNL. Si Ademo et N.O.S parviennent à introduire des sujets originaux tels que solitude, un monde contemporain désenchanté ou encore des nombreuses références à la Pop Culture dans des textes hardcores (Disney, Dragon Ball Z), l’ensemble vire souvent facilement à la punchline facile vide de sens. Un exemple parmi d’autres :
« Fuck fuck amigo, sors pas tes mythos
Il me faut la Black Card, il me faut la White Widow
Des des des des batards, des des des des barres
Des des des des shlags j’leur fous ma merde et c’est l’bazar
Et puis si t’es bonne, j’ai le fouet
Et puis d’vant ton boul, j’ai le swing
Et puis si j’ai parlu avec toi, pétasse
J’fais 500 pompes avant, les bravas gonflés »
Il vaut mieux apprécier PNL pour l’atmosphère qu’il apporte grâce à un style unique, sans forcément chercher à vouloir trouver les nouveaux génies du rap, titre auquel Ademo et N.O.S ne peuvent pas encore prétendre.
Clip de PNL pour le Yoyo Club, Palais de Tokyo, Paris