Ren Hang, une âme sensible à la MEP

“LOVE, Ren Hang” est l’hommage de La Maison Européenne de la photographie, à l’un des artistes chinois les plus contestés et les plus influents de sa génération. Plus de 150 photographies en provenance de plusieurs collections internationales, composent l’exposition qui a pour fil rouge la couleur.

Histoire brève et amère que celle du photographe chinois. Un génie romantique capable de donner vie à une esthétique de l’instinct et de l’instant, qui a été souvent incompris car trop avant-gardiste pour un pays aux strictes règles sociales.Critiqué pour avoir mis à nu les corps de ses modèles, souvent des amis et des proches, Ren Hang s’est affronté à une réalité imposante, répressive qui ne l’a guère laissé s’exprimer.

Étouffé par l’ennui d’un monde oppressif, Ren Hang a créé un langage autre à travers ses photographies. En quête de liberté, il a fait de la provocation une arme poétique et profonde d’une génération de jeunes rêveurs.A travers son travail artistique Ren Hang a trouvé le moyen de défier toute convention, en osant des compositions crues tout en étant très raffinées.

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Untitled
2016

Ses images libèrent la beauté du corps et de la forme. Composées de formes plastiques et de couleurs saturées, ses photographies sont riches de signifiés oniriques. Très explicites, les images ont pour sujet des corps dépourvus de tout habit et de rôle figé par la société, qui laissent entrevoir l’innocence de l’homme et esquissent un monde d’où toute pudeur a été effacée. Allongée dans un cours d’eau et entourée par des nymphéas d’un vert vibrant, une jeune femme gît immobile comme Ophélie et la jeune Martyre de Delaroche.

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Untitled
China, 2011

Des cerises d’un rouge brillant, des papillons colorées et des magnifiques paons créent avec les corps de ces jeunes nymphes une mythologie étrange, où le nu représente la chose la plus naturelle. Tout comme dans le Lac des cygnes le réel et l’imaginaire se confondent : les animaux représentent des alter-ego, des fantasmes refoulés de désirs et de pulsions érotiques, rien d’autre que de la liberté.

Ce sont des œuvres vives qui mettent en scène des sentiments chastes et des caresses audacieuses. Les corps se touchent, s’entremêlent et se reconnaissent à travers la rencontre avec les autres. Tout s’enchaîne naturellement comme des animaux, suggérant des liens secrets et primitifs entre les hommes, l’être humain et la nature.

Tout dans ses images pourrait suggérer un vif désir de vie et pourtant l’exposition ne verra pas d’artiste. Mort en 2017, Ren Hang a choisi d’abandonner la vie pour que l’art survive.

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Untitled
China, 2015

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Untitled

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China, 2015

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Untitled
China, 2015