« Révélation » : Âmes en grève à la Colline
Imaginez un spectacle dont l’histoire s’inspire de la mémoire africaine joué par des Japonais… Léonora Miano (texte) et Satoshi Miyagi (mise en scène) l’ont fait pour vous à la Colline. Le cocktail détonne et fonctionne !
Inyi, Kalunga, Ubuntu, Makaba : quand le monde après la Mort tremble
C’est un monde régi par une très belle divinité, qui doit faire face à la grève des Âmes qui refusent d’intégrer de nouveaux corps humains à naître. Pourquoi ? Parce que le monde des humains est horrible, parce que certains morts n’ont pas de sépulture, et ne pourront donc pas se réincarner par la suite. Le risque est trop grand pour s’engager sans d’abord demander des explications à cette divinité !
Une histoire qui fait écho à l’esclavage en Afrique lorsque les marchands d’esclaves emportent ces derniers dans des bateaux sous-dimensionnés en direction de l’Occident. Beaucoup meurent pendant le trajet, et sont tout simplement jetés par dessus bord. Sans respect, ni funérailles. Sans possibilité de réincarnation.
Musiques d’Afrique et jeux nippons !
Les comédiens sont aussi des musiciens et alternent entre le jeu scénique et la musique. Cette polyvalence fonctionne très bien. Le mélange de la musique à sonorité africaine est au service de l’intrigue mythologique, empreinte de culture japonaise. Une scénographie simple avec deux grandes lunes suspendues au dessus de la scène. Un sol composé de draps agités par les comédiens, représentant peut-être les limbes du monde divin, donne un effet de sobriété poétique. Les costumes, notamment l’habit de la divinité, sont sublimes.
Et surtout, les masques utilisés lors du 2e acte valent à eux seuls le spectacle !
Ce qui intéresse le plus, c’est ce curieux alliage entre les traditions africaines et japonaises. Que devient l’âme après la mort ? Chaque culture s’y intéresse et cherche des réponses à la lumière de leur tradition, entre autres.
Finalement, cette histoire atlantique (la déportation et la mort des esclaves) trouvent sa résonance dans la vision du « monde après la mort » des japonais. Ainsi une âme sera condamnée à l’errance si elle a été victime d’une mort violente. Comme celle des esclaves.
Ce spectacle intéressera les curieux de la culture nippone, les mystiques, et les amoureux du mélange des cultures !
Pour découvrir le spectacle, c’est ici !
Et pour réservez vos places, c’est là !
« Révélation Red in Blue Trilogie», texte de Léonora Miano et mise en scène de Satoshi Miyagi, production SPAC Shizuoka Performing Arts Center, en coproduction avec La Colline – théâtre national. Jusqu’au 20 octobre.