Silvio et les autres : la satire très italienne de Paolo Sorrentino
Quoi que l’on pense de Silvio Berlusconi, il aura façonné, et continue de le faire dans une moindre mesure, la société italienne à travers son action politique et son empire médiatique, jusqu’à devenir le personnage le plus clivant de la péninsule. Un sujet idéal pour la caméra de Paolo Sorrentino qui s’était déjà attaquée à la politique italienne avec Il Divo.
★ : Bon
Dans « Silvio et les autres », le réalisateur a choisi de ne pas nous montrer les heures les plus glorieuses du président du conseil. Ce dernier est alors dans la tourmente : vieillissant, éloigné du gouvernement et peinant à reconquérir une femme qui ne l’aime plus. Mais, il ne perd rien de son aura auprès de la jet-set italienne qui cherche à tous prix à attirer l’attention de « lui ». Au-delà de la satire de Berlusconi, le film de Sorrentino égratigne ainsi également une couche de la population qui ne pense à s’élever que par la corruption et les faveurs des politiciens.
Aux racines du mal de la société italienne
Le succès ne passe pas par une carrière d’honnête citoyen ou d’artiste ; il passe par la télé-réalité ou une carrière d’homme d’affaires sans scrupule. « Silvio et les autres » montre la superficialité d’une partie de la société italienne, dont les intérêts se résument aux plastiques de rêve et aux fêtes déjantées. Une société où la femme est encore considérée comme un simple objet sexuel, et où la mafia n’a jamais perdu son influence et sa puissance financière. Celle où un homme politique peut faire des lois ad hominem afin d’éviter la prison sans soulever l’indignation d’une majorité de la population.
Ce cocktail puissant et démesuré rebute, sans que nous ne puissions nous empêché d’être fasciné devant cet étalage grandiloquent. Cette superficialité issue du vide d’une société de plus en plus individualiste, lavée des grandes idéologies et de ses traditions pour sombrer dans le culte du sexe et de l’argent.
Une mise en scène démesurée
Une fascination qui doit également beaucoup à la mise en scène toujours aussi géniale de Sorrentino : splendides décors au mobilier raffiné, casting de rêve et un sens de l’image toujours inégalé dans le monde du cinéma. Sur ce point, le film souffre néanmoins de la comparaison avec « La Grande Belleza », qui nous avait vraiment époustouflé. On regrettera par ailleurs une mélancolie souvent feinte, loin des grandes questions métaphysiques propres à ses autres productions. Le personnage de Sergio, très présent au début de « Silvio et les autres », est aussi assez mal exploité. Un Sorrentino restant un Sorrentino : n’en faites pas l’impasse.