The Way She Dies : la puissance de la fiction

Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, tg STAN revient au théâtre de la Bastille pour un spectacle créé avec Tiago Rodrigues. Le point de départ de cette collaboration est l’œuvre de L. Tolstoï : Anna Karénine. Il ne s’agit pas d’une adaptation littérale du roman fleuve, mais plutôt d’une inspiration pour créer une autre histoire, en parallèle.

ANNA KARÉNINE : un point de départ plus qu’une adaptation

Isabel et Pedro en 1967 à Lisbonne, Jolente et Frank en 2017 à Anvers. Isabel et Jolente, ont ou vont, comme Anna Karénine avec le comte Vronski, rencontrer un autre homme, s’émanciper de leur couple. L’amour serait de nouveau possible si, en entendant la voix de l’être aimé, tout devenait invisible autour de soi, à en oublier le pot de yaourt que l’on a sous les yeux.

Mais Frank fuit cette rupture, il parlera quand il aura terminé de relire Anna Karénine. Plus précisément, les 490g de l’édition léguée par sa mère, et les passages qu’elle avait surligné de son vivant. Au Portugal, c’est Isabel qui apprend le Français avec une traduction du roman russe, offert par son amant, elle répète en boucle la première phrase pour perfectionner sa prononciation : « Toutes les familles heureuses le sont de la même manière, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon ».

Trouver une langue commune

Au plateau, se mêlent alors français, portugais, néerlandais, notamment dans la scène finale où les quatre comédiens racontent à l’unisson la mort d’Anna Karénine. De la même manière que les comédiens s’amusent avec la machinerie (vent, neige, lumières), ils jouent avec le public et lisent dialogues surtitrés que leur personnage ne sont pas censés comprendre. On retrouve ici l’aisance avec laquelle tg STAN décroche du texte, commente la scène en complicité avec le public, puis y revient avec force et nous embarque.

Ce jeu sur la langue, soulève en filigrane la question de ce qu’on fait d’une traduction, et plus largement, de la transmission d’une œuvre. Autrement dit, et c’est là le vrai sujet de la pièce : en quoi une œuvre, peut-elle nous construire ou nous influencer.

The Way She Dies mise en scène par Tiago Rodrigues et tg STAN avec Isabel Abreu, Pedro Gil Jolente De Keersmaeker, Frank Vercruyssen, production STAN et Teatro Nacional D. Maria II (Lisbonne). Jusqu’au 6 Octobre 2019 au Théâtre de la Bastille.