TOUT LE MONDE NE PEUT PAS ÊTRE ORPHELIN : LES CHIENS DE NAVARRE TOUJOURS AUSSI MORDANTS
Le public s’installe alors que les comédiens sont déjà sur scène, en train de déguster un poulet rôti le soir de Noël. L’humeur est joyeuse, mais pour qui connaît le style des Chiens de Navarre, on ne se doute pas que la scène va vite dégénérer – ici, ce sera à coup de tronçonneuse.
Toutes les familles
Tout le monde ne peut pas être orphelin enchaîne différentes scènes ayant pour point commun la famille. Il y a les beaux-enfants jugés « encore plus cons » que les enfants, les bébés qui s’attachent à leur mère de manière un peu trop œdipienne, les repas où l’on finit malade aux toilettes… Personne n’est épargné. Dès lors, la disposition bifrontale* prend tout son sens : il s’agit d’un miroir, où chaque spectateur participe au dîner, en face à face.
Un humour qui s’est assagi
Encore une fois, l’humour des Chiens de Navarre fait mouche, toujours sans limite : absurde, dérision, parfois même scatophilie. Mais le ton n’est jamais cynique, l’exagération jamais gratuite. D’autant qu’avec ce spectacle, on peut avoir le sentiment que Chiens de Navarre se sont assagis. Moins de folie peut-être, mais un propos plus universel, qui touche un public plus large – on pourra prendre pour exemple l’une des dernières scènes, où deux enfants font prendre le bain à leur père qui a vieilli, une scène qui abandonne l’humour pour plus de tendresse.
Quoiqu’il en soit, qu’on se rassure, les Chiens de Navarre n’ont rien perdu de leur créativité – avec quelques folles surprises de scénographie qu’on ne divulgâcheur pas ici, et qui valent le détour.
Tout le monde ne peut pas être orphelin
Mise en scène : Jean-Christophe Meurisse
Avec : Lorella Cravotta, Charlotte Laemmel, Vincent Lécuyer, Hector Manuel, Olivier Saladin, Judith Siboni, Alexandre Steiger